Communiqué du collectif international des avocats du journaliste algérien détenu Ihsane El Kadi
Nous, avocats et défenseurs des droits de l’Homme, informons l’opinion publique de la constitution d’un collectif international d’avocats pour la défense du journaliste Ihsane El Kadi.
Dans la nuit du 24 décembre 2022, celui-ci a été arrêté et placé en garde à vue, et les locaux des médias « Radio M » et « Maghreb Emergent », qu’il dirige, ont été mis sous scellés quelques heures plus tard.
À l’issue de cinq jours de garde à vue, et bien qu’il présente toutes les garanties nécessaires, il a été placé en détention provisoire le 29 décembre 2022 à la prison d’El Harrach, à Alger.
De plus, le 15 janvier 2023, la Chambre d’accusation près la cour d’Alger a rejeté la demande de libération d’Ihsane El Kadi introduite par ses avocats, à l’insu de ces derniers, qui n’ont pas été informés de la date d’audience, et ce, en violation du Code de procédure pénale algérien et des normes, internes et internationales, relatives au droit à un procès équitable.
Il est poursuivi en vertu des articles 95, 95 bis et 96 du Code pénal relatifs à la « réception de fonds d’une source étrangère à des fins de propagande politique », à la « réception de fonds et d’avantages d’organismes et de personnes de l’intérieur du pays et de l’étranger dans l’intention de commettre des actes susceptibles d’attenter à la sécurité et à la stabilité de l’État, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale » et à la « publication au grand public de contenus de nature à nuire à l’intérêt national et collecte de dons sans autorisation ».
Il convient de rappeler que ces poursuites constituent la quatrième affaire visant le journaliste Ihsane El Kadi ces deux dernières années.
Outre qu’il est présumé innocent et qu’il doit bénéficier de toutes les garanties du procès équitable, prévues dans les textes internes et les conventions internationales, a fortiori en sa qualité de journaliste, la détention provisoire n’est aucunement justifiée dans son cas, lequel dispose, au surplus, de toutes les garanties de représentation nécessaires. Dans ces conditions, nous demandons sa libération immédiate.
Nous demandons également la mainlevée des scellés de « Radio M » et de « Maghreb Emergent », qui pénalisent plus d’une trentaine de salariés et leurs familles.
Nous sommes, par ailleurs, honorés de la confiance d’Ihsane El Kadi et de sa famille, et déterminés à le défendre, aux côtés de nos consœurs et confrères algériens, devant les tribunaux d’Algérie et les instances internationales.
Enfin, nous lançons un appel à toutes les organisations internationales des droits humains, à la société civile et aux avocats afin qu’ils soutiennent et demandent la libération sans condition d’Ihsane El Kadi et toutes les victimes de l’autoritarisme.
Le 8 février 2023, à Tunis, Rabat, Nouakchott, Bruxelles et Paris.
Le collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi :
-TUNISIE : Saïda Ben Garrach, avocate au barreau de Tunisie et ancienne conseillère aux droits de l’Homme à la présidence de la république ; Ayachi Hammami, avocat au barreau de Tunisie et ancien ministre des droits de l’Homme ; Abdennaceur Aouini, avocat au barreau de Tunisie et défenseur des droits de l’Homme ;
-MAROC : Souad Brahma, avocate au barreau de Casablanca, défenseure de plusieurs détenus d’opinion et du Hirak du Rif ; Abderrahim Jamaï, avocat au barreau de Rabat, ancien bâtonnier, membre du collectif d’avocats en défense des détenus du Hirak du Rif ; Mohamed Sadkou, avocat au barreau de Rabat et défenseur de détenus d’opinion, d’activistes de mouvements sociaux et des journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni, ainsi que de l’historien Maati Monjib ;
-MAURITANIE: Fatimata M’Baye, avocate au barreau de Mauritanie et présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme, et Youssouf Thierno Niane, avocat au barreau de Mauritanie et représentant de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme à Nouadhibou ;
.BELGIQUE : Alexis Deswaef, avocat au barreau de Bruxelles, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains et président d’honneur de la Ligue des droits humains (Belgique) ;
-FRANCE : Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris ; Pierre Brunisso, avocat au barreau de Paris, membre de la Ligue des droits de l’Homme (France) ; Mohamed Jaite, avocat au barreau de Paris, membre de l’Association marocaine des droits humains.
Pour tout contact : comiteavocatsiek@gmail.com