Cher Ihsane,
Comment t’écrire à distance alors que je ne sais même pas où tu te trouves.
Tes censeurs t’ont séquestré loin de nous croyant t’isoler et te faire taire.
Alors, je te représente en face de moi, faisant appel à l’image que j’ai gardée de toi, celle de notre rencontre à Tunis chez Souhayer. J’ai besoin de ce lien direct pour te parler.
D’autant que le vide semble se creuser autour de moi.
Par la perte de notre cher Lotfi dont l’inhumation a été un moment de rappel nécessaire de vos combats communs.
Par les massacres commis à Gaza qui font trébucher les convictions les plus solides que nous partageons.
Mais au plus profond de ce vide se logent des petites lumières/ flammes qui scintillent, éparpillées sur cette terre du Maghreb, évoquant le sens du combat des humains et réveillant les consciences endormies de nos peuples et de nos ami-e-s.
Tu es l’une de ces lumières-flammes cher Ihsene. C’est comme cela que je te vois.
Les ennemis de la liberté cherchent à t’éteindre. Mais ils n’y arrivent pas.
Les vents réactionnaires et populistes de tout acabit soufflent fort ces derniers temps, chez nous comme ailleurs. Ils croient pouvoir voiler les lumières mais n’arrivent pas à imposer l’obscurité, se déchaînent sans pouvoir étouffer les petites flammes.
Tu seras libre et je pourrais te dire ce que je ne peux écrire aujourd’hui.
1er janvier 2024
Kamel Jendoubi