Le procès en première instance du journaliste Ihsane El Kadi, directeur du pôle éditorial de Radio M et Maghreb Émergent, s’est tenu, ce dimanche 26 mars, dans des conditions plus ou moins houleuses. Le journaliste, qui a fait savoir à la juge qu’il « ne souhaitait pas répondre aux questions du tribunal », a quand même réagi avec colère pour contester les conditions dans lesquelles s’était déroulée l’instruction de son dossier, depuis son arrestation dans la nuit du 23 décembre jusqu’à la programmation de son procès.
Avant que la juge n’entame son interrogatoire, Ihsane El Kadi lui fait savoir qu’il compte boycotter le tribunal, parce qu’il « ne cautionne pas toute la procédure, celle-ci ne garantissant pas un procès équitable ». Il tente également, face à une juge qui l’interrompt souvent, de lui faire savoir qu’il a été « injustement condamné publiquement par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, le 24 février dernier », lors de son entrevue avec les médias nationaux. Une déclaration considérée par le collectif des avocats de la défense d’Ihsane El Kadi, comme une ingérence du président dans le pouvoir judiciaire et dans un dossier qui était en cours d’instruction.
Et dès que le nom du président est cité, d’abord par Ihsane El Kadi, puis par ses avocats, un échange tendu a eu lieu entre le journaliste et la juge, laquelle visiblement était incommodée, d’où son refus que le prévenu aille au fond de son énoncé. Ihsane finit par lâcher: « je ne me sens pas en sécurité au tribunal, alors que c’est un lieu où je devrais être serein ». Durant cet échange, où la juge essaie de poser ses questions à Ihsane El Kadi, qui avait décidé de garder le silence, martèle face à la juge qu’il « pouvait changer d’avis et répondre aux questions », mais la déclaration de Abdelmadjid Tebboune », qui l’avait accusé de « Khabardji », a « tout changé ».
D’ailleurs, face aux objections répétitives de la juge, qui ne laisse pas Ihsane El Kadi s’étaler sur la question , les avocats, Abdelghani Badi, Nourredine Ahmine et Mustapha Bouchachi sont intervenus pour demander à la juge d’écouter le prévenu. « vous ne voulez pas entendre les motifs de son refus « , peste Me Bouchachi.
Le « rêve » d’Ihsane El Kadi
De retour à la Barre, après la suspension pendant quelques minutes de l’audience, le nom d’Abdelmadjid Tebboune est de nouveau évoqué par Ihsane El Kadi. Face à la juge, il déclare qu’il a « rêvé deux fois cette semaine dans sa cellule ». « Dans mon rêve, j’ai intenté un procès contre Abdelmadjid Tebboune dans ce tribunal et j’ai eu gain de cause », raconte Ihsane El Kadi.