C’était durant l’été 2019, au cœur du Hirak. Une belle tentative de révolution pacifique qui aurait pu changer tant de choses. Des images apparaissent sur l’écran de mon téléphone. C’est l’extrait d’une émission diffusée sur la Toile. Ihsane El Kadi et quelques confrères dissertent sur l’opportunité d’un processus constitutionnel. La fameuse « Constituante » que revendiquaient dès 1963 les opposants au parti unique.
Je ne me souviens plus des arguments des uns et des autres mais un propos est resté inscrit dans ma mémoire : « Attention, il faut bien comprendre que cette révolution va emporter les meilleurs d’entre nous » avertit Ihsane pour bien faire comprendre à ses interlocuteurs que rien n’était encore joué et que le prix de la démocratie, la vraie, pourrait être lourd à payer. On connaît la suite. Grâce à Dieu, Ihsane est toujours vivant mais il est privé de sa liberté.
Il n’est pas un jour sans que je pense à lui car il n’est pas un jour sans que je pense à l’Algérie. Et quand je pense à l’Algérie, je pense à la situation injuste de ce confrère décidé à secouer l’inertie mortifère qui empêche le pays d’être ce qu’il devait devenir. Nous savons qu’il tient bon, qu’il n’a rien perdu de sa détermination. Cela est une maigre consolation. Nous sommes impuissants face à l’arbitraire qui s’est abattu sur lui. Cela est accablant. Il reste l’espoir que la raison et la justice puissent l’emporter. Ce n’est pas gagné mais l’Algérie a besoin d’Ihsane El Kadi. L’écrire, c’est le saluer et lui clamer amitié et solidarité.
Akram Belkaïd